L’homme habite, et ainsi il prend place parmi les humains. Pour cela, il lui faut un lieu où inscrire son corps, sa subjectivité, son histoire, sa citoyenneté. Habiter, c’est mettre de soi en un lieu, ce qui est fort différent d’être logé. S’il ne peut habiter, l’homme ne peut prendre place et cela s’appelle aujourd’hui l’exclusion. L’aider à habiter, cela s’appelle lutter contre l’exclusion.
Habiter suppose des modalités d’investissement psychique qu’il faut un peu connaitre : que signifie pour un enfant construire ou dessiner une cabane ? Qu’est-ce qu’habiter pour une personne schizophrène, pour une personne S.D.F ? La dimension clinique s’impose ici pour contribuer au sens et à l’action. Elle s’inscrit d’autant plus dans l’intersubjectivité langagière que l’homme habite le langage, c’est là son monde.
Pour approcher la clinique, j’évoquerai d’abord mon expérience en hospitalisation à domicile.
J’ai pratiquée l’hospitalisation à domicile de 1976 à 1999, en plus de mon travail hospitalier. Les patients étaient visités une fois par jour par une infirmière, et une fois par semaine par le médecin ; ils vivaient pour certains dans des habitats insalubres, en particulier dans une cité qui avait été construite après la guerre d’Algérie pour les rapatriés d’Afrique du Nord, donc après 1962, et qui continuait une fonction d’hébergement qui aurait dû être provisoire. (…)