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Gemineurs en Avignon : Mine de rien

GEM Mine de rien - Avignon, France

Année de publication : 2015

Type de ressources : Rhizome - Thématique : TRAVAIL SOCIAL

Télécharger l'article en PDFRhizome n°58 – La participation des usagers en santé mentale (Novembre 2015)

Qu’est qu’un GEM ?

Les groupes d’entraide mutuelle (GEM) sont des lieux non médicalisés et n’ont donc pas vocation à soigner. Le financement – environ 30 millions d’euros aujourd’hui – est en partie conditionné par le respect du cahier des charges annexé à l’arrêté ministériel du 13 juillet 2011 qui réglemente le fonctionnement des GEM. Cet argent sert principalement à recruter et à rémunérer le personnel. Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), on compte environ 1,5 équivalent temps – généralement on parle d’animateurs – par GEM, même s’il y a beaucoup de disparités. Et selon cette même source, en 2013, il y a en moyenne 68,4 membres par GEM. Les GEM sont organisés en association loi 1901. Cette association doit être parrainée par une autre association dotée d’une compétence gestionnaire. Ce peut être une association d’usagers, de familles, ou tout organisme en capacité d’apporter un soutien aux adhérents. Aujourd’hui, en 2015, il y a environ 400 GEM recensés sur le territoire national. Certains territoires organisent des rencontres « inter-GEM ». Il y a en effet aujourd’hui pour les GEM, un enjeu à se connaître, à se coordonner, voir à formaliser les structures. Les formes d’organisations peuvent énormément différer suivant les territoires. Un comité national de suivi constitué de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), de la CNSA, des représentants des agences régionales de santé (ARS) et d’autres institutions représentatives se réunit une fois par an pour examiner notamment le bilan annuel des GEM.

Nous sommes au GEM « Mine de rien » à Avignon. Dans les différentes pièces des petits groupes discutent ; des « gemineurs » comme ils se nomment eux-mêmes. C’est vendredi après-midi, il pleuvote dehors. L’endroit est d’autant plus accueillant. J’arrive à l’heure de la réunion hebdomadaire où sont recueillies les propositions d’activités proposées par les gemineurs et/ou par l’équipe d’animation, composée de deux permanents dont Pierre-Jean embauché en 2009 comme animateur multimédia et qui est devenu peu à peu un des pivots de ce collectif. Le GEM a été créé en 2008 par le Collectif des Sans-Abris (Casa) qui a eu l ‘idée de mettre en place un atelier multimédia pour les gens dits « de la rue » après avoir été fortement impressionné par une vidéo du collectif des « Don Quichotte » descendu à Avignon pour une soirée publique. Une animatrice est alors embauchée dont la mission est d’ouvrir un GEM ouvert aux gens de la rue et aux personnes ayant connu la psychiatrie, spécificité d’un public mixé encore présente aujourd’hui. Comme le dit une adhérente qui anime la tambouille des gemineuses : « Nous distinguons les personnes fragiles et les personnes précaires, parfois c’est les deux mélangés ». Mine de rien compte aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents. Le droit d’entrée est de 1 euro par an et ouvre la possibilité de fréquenter le lieu et de participer aux activités – telles que la communication corporelle, la sophrologie, ou diverses sorties – et à la vie associative. Dix gemineurs administrateurs sont majoritaires au conseil d’administration au sein duquel il y a aussi un représentant de l’Unafam et un représentant de Casa.

Mine de rien s’est constituée autour d’un projet fédérateur, celui de monter et de montrer des films précaires, faits par et pour les personnes en situation de précarité. En 2010, le premier festival du film précaire est né. Le film inaugural qui lance une dynamique collective se nomme « Recherche Gilbert désespérément ». Une enquête est menée, caméra au point tenue par deux gemineurs, sur Gilbert disparu du GEM avignonnais et qui est finalement retrouvé à Marseille par ses compagnons. Quelques épisodes plus tard, Gilbert est devenu président du GEM. Ce film nourrit la mémoire collective de la structure et est encore raconté aujourd’hui avec fierté, même par ceux qui n’y ont pas participé. D’autres films, au fil des ans, ont suivi notamment sur les états généraux de l’urgence sociale et d’autres sont en cours. Des collaborations ponctuelles ont eu lieu avec le cinéma Utopia et avec l’institut des métiers de la communication et de l’audiovisuel.

Ce qui caractérise aussi Mine de rien est une forme d’auto-organisation qui mise sur la participation directe des gemineurs concernant leur vie associative. Des temps d’ouverture du GEM – le week-end notamment – dits en « autogestion », ont été mis en place suite à une demande des adhérents de pouvoir utiliser le lieu en dehors des horaires de travail des animateurs. Ces moments sont sous la double animation d’un administrateur/gemineur et d’un responsable désigné par le CA. Un numéro d’astreinte permet de contacter un professionnel si nécessaire.

Aujourd’hui le GEM est en train de chercher un second souffle. Nous leur souhaitons bon vent.

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