La thérapeute : « Vous êtes en contact avec des morts… »
Alphonse : « Ils ne me parlent pas, mais… »
La thérapeute : « Ils communiquent par des signes ? »
Alphonse : « C’est très compliqué d’être en contact avec des morts… (…) Ca me fait peur, j’ai pas envie de discuter avec eux. (…) Est-ce qu’ils veulent que je les rejoigne ? (…) La mort ne me fait pas peur, mais les morts, oui. »
La thérapeute : « Vous savez, il existe des choses que vous pourriez faire pour qu’ils vous laissent tranquille. »
Alphonse : [long silence] « Je veux bien que ça s’arrête, mais en un sens je veux savoir pourquoi ils cherchent à me contacter. »
Alphonse
Cet échange a lieu dans les locaux d’une association intermédiaire que nous appellerons l’Annexe[1]. A côté d’Alphonse se tient sa conseillère d’insertion et deux psychologues du Centre Georges Devereux dont l’une dirige la consultation tandis que l’autre l’assiste et prend en note le mot à mot de la discussion (moi-même). Nous sommes assis autour d’un bureau où sont disposés des tasses de café et des viennoiseries, installés confortablement pour ces consultations un peu particulières dont chacune dure deux heures en moyenne. C’est la deuxième fois que nous recevons Alphonse dans le cadre de notre permanence de soutien psychosocial à l’Annexe. (…)