La recherche participative sur sites dont s’inspire cet article a reçu le soutien financier croisé des instances de la Cohésion Sociale et de la Fondation Caritas, et a débouché sur un rapport publié en mars 2013 sous le titre : « SDF créateurs d’habitat. Expérimentations sociales et accompagnement collectif d’habitats autogérés ». Cette investigation s’est intéressée au devenir de groupes de jeunes sans abri qui furent d’abord catégorisés en tant que « jeunes errants », squatteurs souvent caractérisés en référence à des conduites considérées comme déviantes, relevant du trouble mental autant que des troubles de voisinage et autres troubles de l’espace public.
Les orientations des politiques du « logement d’abord », héritées du « housing first » nord américain, ne se sont pas beaucoup plus intéressées que les politiques de réinsertion sociale ou de l’urgence aux aspirations de certains des plus pauvres à habiter collectivement. Celles-ci ont continué à réserver une place essentielle aux stratégies d’accès au logement individuel normé, à l’accompagnement social au cas par cas, sans laisser beaucoup de chances aux objectifs de « participation » et de représentation, que suggère, sans guère de succès, la loi 2002-02. Et l’accompagnement social de groupes de squatteurs reste largement en jachère, malgré les tentatives programmatiques esquissées dès les années 90, notamment à l’occasion des travaux de « réflexion partenariale » de la commission « Squats et habitat de fortune », initiée au sein d’un « Comité National de l’Accueil des Personnes en Difficulté » par le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, travaux publiés en 1998.
L’histoire du sans-abrsme a pourtant révélé à de multiples reprises que certaines personnes et certains collectifs constitués s’intéressent moins à l’habiter individuel qu’à promouvoir des alternatives d’habitat collectif comme alternatives de société. La récente publication du « plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale » est encore venue rappeler à la norme au détriment des expériences de squatteurs auto organisés. Encore ces textes récents ouvrent-ils quelques pistes dans le sens d’une diversification des formes de « logement adapté », dans l’esprit de « disposer d’une large palette de possibilités de logement », de « développer les passerelles vers le logement », en apportant un « soutien aux expérimentations innovantes », en proposant d’« accompagner les personnes habitant des campements ou des squats », en multipliant « les solutions transitoires avant l’accès à un logement de droit commun ». (…)