On sait combien la définition de l’adolescence, en tant que moment du développement psychologique, reste problématique. Contrairement à celles du processus purbertaire, ses limites chronologiques déjà sont arbitraires, varient selon les cultures, les lieux et les époques. Si certaines cultures la réduisent à un passage, d’autres, dont la nôtre, en repoussent les limites autant vers l’enfance que vers l’âge adulte, pour des raisons économiques, politiques et consuméristes. D’où les controverses entre tenants de l’adolescence comme stade, et défenseurs d’une position constructiviste, ou relativiste, qui voient dans l’adolescence une construction culturelle et sociale.[1]
Selon une perspective pluridisciplinaire, nous préférerons proposer que l’adolescence se laisse comprendre autant comme un fait ou surtout un processus clinique et psycho ou psychopathologique que social, anthropologique, culturel, ou économique, selon le regard posé sur elle. Il s’agit en effet de lectures différentes d’une même réalité, qui elle-même se définit comme un système, plus ou moins stable, durable et organisé, de comportements (au sens fort du terme, qui implique que la conduite observable témoigne d’un état mental ou psychologique sous-jacent). Finalement, la formule selon laquelle l’adolescence est la rencontre de la puberté et d’une société ou culture reste juste, à condition de donner au terme de puberté le sens d’un moment du développement impliquant des transformations biologiques, corporelles, cérébrales et psychologiques commandées par une contrainte intrinsèque programmée. Les expressions de cette contrainte au plan des conduites et de la vie mentale varieront fortement selon le contexte socioculturel qui accueille autant qu’il contraint cette phase obligatoire de transformation de l’individu. (…)