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Les artistes-praticiens de l’imaginaire

Laurent DODIVERS
Geoffrey DUCAS
Sarah KOUDLANSK
Fabienne MEUNJUC
Loïs RAMOS
Charlotte RENCK

Année de publication : 2008

Type de ressources : Rhizome - Thématique : Psychiatrie, SCIENCES MEDICALES, TRAVAIL SOCIAL

Télécharger l'article en PDFRhizome n°33 – Prendre soin de la professionnalité (Décembre 2008)

Six artistes qui s’investissent humainement ainsi que par leur art et leur talent auprès d’adolescents en grande difficulté et en souffrance (près de 200 depuis fin 2002) qui mettent à mal les dispositifs de soutien scolaire, d’aide éducative, de soins médico psychologiques. Soin & Culture1 fait le pari des médiations artistiques pour trouver le chemin des fondamentaux : respect de soi et de l’autre, sentiment de dignité, cheminement personnel entre droits et devoirs. Il s’agit de rétablir du lien, afin que ces jeunes se mettent en capacité de concevoir un projet de vie, afin que principe de réalité et principe de plaisir fassent sens pour chacun.

Trajectoires personnelles et construction d’un collectif

Loïs Ramos : Je suis comédien et metteur en scène, et je travaille depuis quelques années en milieu dit « spécialisé ». J’étais prof de théâtre au centre culturel d’Écouen, dans le Val d’Oise pas très loin de Moisselles. J’animais un atelier d’amateurs adultes et dans cet atelier-là, il y avait une élève particulièrement motivée par le théâtre qui était stagiaire à l’hôpital de Moisselles. C’est elle qui m’a annoncé qu’on y recherchait quelqu’un pour ouvrir un atelier. Et ce fut pour moi comme une évidence.

On ne vient pas à la psychiatrie par hasard. Mon grand-père maternel était psychiatrisé à Lisbonne. Je garde des images assez horribles de cet asile psychiatrique. Enfant, je ne comprenais pas pourquoi mon grand-père était là alors que je le trouvais particulièrement bien. Venir à l’hôpital, c’est comme une revanche contre la psychiatrie. Je viens proposer à ces personnes des fenêtres sur l’enfermement.

Charlotte Renck : Je suis comédienne ; je fais aussi de la mise en scène. Ce qui m’intéresse beaucoup dans les ateliers que j’anime depuis quelques années, c’est à la fois la relation à l’autre et la transmission par l’enseignement.

Au fil des rencontres et des connaissances, je suis arrivée dans les milieux du soin et j’ai été amenée à travailler auprès de personnes en difficulté. J’ai animé un stage de théâtre et vidéo en hôpital psychiatrique. Lors d’un atelier, j’ai rencontré Benjamin, un jeune garçon en grande difficulté et très inhibé. J’ai pris le temps d’établir une relation avec lui ; je lui ai porté beaucoup d’attention ; je prenais plaisir à lui transmettre quelque chose. C’est grâce à cet atelier théâtre que ce jeune garçon a eu un déclic. Une telle expérience m’a vraiment poussée à continuer dans ce milieu-là.

À Soin & Culture, j’ai été co-animatrice de l’atelier d’écriture. Pour l’année 2008-2009, je crée un nouvel atelier : l’atelier « Imagine », à la lisière du conte, de l’écriture, de l’image et surtout de l’imaginaire. Depuis peu de temps, j’entame une formation en art-thérapie, car en tant qu’artiste, ça m’intéresse de plus en plus d’utiliser ma médiation dans ces milieux.

Comme le disait Loïs, ce n’est pas un hasard si on y vient. Je crois beaucoup à la relation à l’autre, au temps que l’on peut leur consacrer et à la créativité qu’il peut faire naître.

Laurent Dodivers : Je suis intervenant en art plastique à Soin & Culture, et je suis aussi intervenant en Bandes dessinées dans un centre d’animation de la ville de Paris.

Travailler avec des jeunes est lié au fait d’être artiste… qui est lié à ma jeunesse. Je suis devenu artiste pour me protéger. J’ai dessiné dès que mes mains m’ont permis de le faire et je me suis beaucoup enfermé dans le dessin pour contenir tout ce que j’avais envie de dire. J’ai travaillé dans un collège en tant que surveillant ; j’ai donc toujours été très lié à l’enfance.

D’ailleurs, j’ai été éducateur sportif de foot auprès de jeunes. En tant qu’éducateur sportif, je me demandais l’intérêt d’entraîner des jeunes qui, d’évidence, étaient « mauvais », qui, a priori, ne deviendraient jamais bons. L’éducateur avec lequel je travaillais m’a répondu qu’il fallait continuer d’entraîner ces jeunes, car on ne savait jamais à quel moment ils auraient le déclic. Cette histoire de déclic m’a beaucoup interpellé. Arrivé sur Paris, je me suis orienté vers la musique. Je suis aujourd’hui auteur-compositeur-interprète, et toujours plasticien. C’est une amie travaillant à la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui m’a dit qu’on cherchait un praticien pour animer un atelier.

Fabienne Menjucq : Je suis danseuse contemporaine, performeuse, diplômée en danse-thérapie. C’est ma deuxième année à Soin & Culture. Ma première expérience en psychiatrie en tant qu’artiste a eu lieu à l’atelier du Non Faire de Maison Blanche, auprès de Christian Sabas. Ce fut pour moi d’une grande richesse tant au niveau artistique qu’au niveau humain ; j’y ai découvert la peinture qui m’a permis de développer ma créativité et, surtout, j’ai pu comprendre que chaque « art » offre la possibilité d’exprimer des parties de soi spécifiques et uniques. Nous étions tous -soignants, patients et artistes- de cet atelier, dans un processus de création, face à nous-mêmes, dans un partage de l’instant présent. A ce moment-là, pour moi, il m’est clairement apparu que je souhaitais garder la créativité comme moteur de mon approche. Je ne souhaitais plus enfermer l’être dans une pathologie mais au contraire l’ouvrir aux possibles de « transformation » et de « reconstruction » de soi que l’art procure.

Danser a toujours été pour moi un besoin « vital », une autre façon d’être au Monde, en lien avec l’autre et soi-même. Ici, dès le premier entretien, j’ai été très touchée de voir qu’on privilégiait l’art avant tout, même si nous restions dans un cadre de soin. Je suis très heureuse de pouvoir chercher comment la Danse peut faire lien avec le monde et chacun de ces jeunes qui ont perdu ce lien.

Sarah Koudlansky : La première approche des hôpitaux psychiatriques que j’ai eue s’est faite au travers de ma famille. Mon grand-père travaillait comme infirmier à l’hôpital de Clermont de l’Oise, puis mon oncle l’a suivi. Ma mère, elle, y était couturière … Elle s’occupait du linge des patients. A son retour du travail, elle me racontait les crasses qui pouvaient avoir lieu entre les soignants. J’avais l’impression d’un monde horrible où l’on parlait mal aux patients. Ceux-ci étaient bousculés comme du bétail au milieu de guerres intestines … C’est donc une image un peu dramatisée, mais tout de même très négative, que j’avais de la psychiatrie.

Je suis devenue comédienne et metteuse en scène, et c’est ma rencontre avec Loïs qui m’a fait venir à l’hôpital de Moisselles. C’était fascinant pour moi de voir ces personnes en difficulté qui portaient un imaginaire si fort. Ils m’emportaient ailleurs, ils avaient une grande sensibilité et s’exprimaient réellement avec ce qu’ils étaient, avec leur vécu, leurs déchirures. Ils étaient là, entiers, sans tricherie. Sur scène, avec eux, il y avait une évidence de théâtre, une force émotionnelle. Après, j’ai animé un atelier d’écriture à l’hôpital de Moisselles. Loïs m’a parlé ensuite de Soin & Culture qui cherchait un artiste pour l’atelier écriture.

Ce qui m’a plu très vite et que je n’ai pas trouvé dans les autres institutions, c’était qu’on allait construire un projet ensemble. Ce n’était pas une commande, c’était vraiment un projet d’élaboration collective sur le soin, échanger des réflexions pour et avec les jeunes. A chaque fois, j’ai l’impression d’être sans filet. Il faut être présent réellement

Apprivoisements et rebonds

Sarah : Pourquoi ces jeunes me touchent-ils autant ? C’est parce qu’avec eux, on prend du temps pour s’apprivoiser.

Loïs : Oui, il est bien question de s’apprivoiser. Au départ, les jeunes viennent avec leurs appréhensions, leurs peurs et leur non désir. Ils renvoient leurs souffrances. Mais si on arrive à lire entre les lignes, très vite on voit qu’il y a du possible. Il y a des regards qui se posent, une envie de faire quelque chose.

Sarah : Je pense que c’est vraiment un art du jonglage. Je suis arrivée et l’on m’a dit que j’allais travailler avec des jeunes qui pourraient être suivis par la justice et qui sont déscolarisés pour la plupart. La première année, je ne me suis pas dit : « je vais entrer en confiance avec les jeunes ! » Je me suis dit, « aïe ! Je suis une femme ! ».

Dès le premier atelier, j’ai été dans une espèce de séduction, pas une séduction féminine, mais dans une forme d’humour. On engage une partie de ping-pong ; j’ai essayé à travers ce qu’ils apportent de créer un contact, de rebondir toujours.

Loïs : La relation se construit vraiment au fil des séances. En travaillant avec les jeunes, on apprend à les connaître et, réciproquement, ils apprennent à nous connaître. Mais d’emblée, ce n’est pas évident. Au départ, on se retrouve avec un groupe anonyme qu’il va falloir séduire, à qui l’on va donner envie dans sa globalité. Ensuite se dessinent dans ce groupe des particularités. On va justement essayer de créer du lien et essayer de répondre de façon plus personnelle à chacun.

Sarah : C’est ça la capacité de la relation à l’autre ; c’est de l’instinct, on arrive avec notre histoire, notre vécu et on va répondre du tac au tac. On avance parfois comme sur un terrain miné.

Fabienne : Ce que je trouve à la fois merveilleux et très engageant pour chacun, c’est que le lien ne se fait pas par la parole, dans un premier temps, mais par le corps. Alors, tout de suite, c’est une autre relation qui s’instaure de corps à corps. Je propose, dans un même atelier, des exercices en groupe, puis en solo, puis en duo et trio, ce qui permet à chacun de non seulement être dans un mode de relation qui lui convient bien à un moment donné, mais aussi d’explorer d’autres schémas dans lesquels il est moins, voire pas du tout à l’aise. Et dans ces cas-là, c’est la danse qui peut devenir le moyen de dépasser cette difficulté. Parfois, ça ne prend pas, et c’est souvent lorsque le media ne convient pas au jeune. Ca ne fait pas corps.

Cette année, je me suis ouverte à leur univers musical, qui devient une enveloppe sécurisante qui leur permet davantage de s’explorer eux-mêmes et de se risquer à Etre tout simplement.

Il faut qu’il y ait de l’art

Loïs : Ici, on va tenter de répondre de façon différente et inédite. Pour nous, artistes, il faut qu’il y ait art, cela justifie notre présence. Il faut qu’on arrive à être dans la création. On apporte un décalage avec ce qu’ils vivent par ailleurs. Cela les déstabilise et permet de créer des passerelles.

L’objet, c’est de pouvoir faire ! Faire du théâtre, de l’écriture ou du dessin. Pendant la séance, on ne pense pas d’abord à un spectacle. L’artiste porte en lui cet objectif de spectacle, mais il va emprunter des chemins de traverse. On va s’adapter à chaque situation. Il faut que l’atelier puisse exister. On va essayer de transcender la pulsion de destruction. L’art est construction.

Sarah : Par exemple, quand je leur donnais un thème d’écriture, au début c’était assez froid ; puis, progressivement, comme on travaillait en tête-à-tête, on arrivait à créer un lien. Progressivement, ils se débloquent et l’écriture arrive. Après, bien sûr, il y a d’autres choses qui se jouent … des transferts. Le fait de venir de l’extérieur, d’être artiste et de se présenter comme tel, il y a quelque chose qui se crée tout de suite.

Laurent : Oui, il y a une imagerie de l’artiste.

Positionnements

Sarah : A Soin & Culture, il y a un cadre général au projet, mais on a une liberté totale dans les ateliers. On nous fait confiance. Cette confiance, les jeunes la ressentent, et la rencontre est possible.

Je suis mon propre matériau, je réagis avec ce que je suis, avec mon histoire, mon amour de l’écriture, mes limites ; mais on va m’aider, la supervision mensuelle aide à comprendre et pas à juger. On n’enferme pas. Cela donne le droit à l’erreur, on peut dire au jeune qu’on peut se tromper.

Loïs : Dans le cadre de certains ateliers, en hôpital psychiatrique, des patients pouvaient faire penser qu’ils dérivaient quand ils allaient loin dans l’improvisation. Les soignants présents -qui participaient au même titre que les patients- étaient tentés de mettre des freins, comme si ça ne se faisait pas : Attention, danger ! Ce qu’ils font sur scène est peut-être un symptôme de leur folie. Alors que moi, avec mon expérience de metteur en scène, je sentais intuitivement que leur proposition était juste et répondait aux cadres de l’improvisation.

L’art bouscule, et dans les institutions il bouscule un certain regard que portent les soignants sur les patients et ce n’est pas toujours facile pour les soignants d’accepter de laisser parfois de côté leurs expériences ou leurs connaissances des malades.

L’artiste lui, donne licence au patient, non pas de délirer, mais d’expérimenter. On va leur dire : oui, c’est poétique ; on va rebondir sur leurs propositions. On tend une oreille attentive à leur univers intérieur, à leur chaos. L’artiste fait avec le chaos. On va transformer cela positivement, le mettre au grand jour. Un public va applaudir cela. C’est une démarche qui les transfigure.

Laurent : … Je dirai même plus. J’ai l’impression que c’est ce qu’on vit nous en tant qu’artistes. Certains nous prennent justement pour des gens un peu spéciaux. Quelque part on rend à ces jeunes cette capacité à être autrement et de pouvoir en vivre.

Sarah : L’art est une réelle nécessité, c’est notre message. D’une certaine manière, on transmet au jeune que même si on est à part, on n’est pas à part. On a notre place dans cette société, on peut construire quelque chose et y mettre notre pierre. On montre au jeune que même avec une histoire ou un parcours atypique, on peut s’en sortir et choisir une voie qui nous correspond.

Laurent : Dans mon atelier, il y a un immense respect entre les jeunes et moi, les jeunes et les autres adultes et les jeunes entre eux. Cela me fait penser à un jeune. Il est venu dans mon atelier après deux années de théâtre avec Loïs. Il a dû se dire : ces gars sont costauds, mais ils se font respecter sans cogner. J’ai senti chez lui la surprise de découvrir cela.

Loïs : Ce qui est marrant d’ailleurs chez ce jeune-là qui est vraiment une armoire à glace, c’est que la première année au théâtre il a incarné un personnage de petite vieille. Figure de la vulnérabilité même, cette petite vieille se faisait piquer son sac à main ! Donc pour ce gars viril, physique, montrer sa vulnérabilité au travers d’un personnage c’était déjà une démarche énorme.

Je rejoins ce que disait Sarah sur les parcours atypiques : À l’origine il y a une faille, un décalage, une non adaptation à la société. On observe la société parce qu’on n’est pas complètement impliqué dedans. On essaie de comprendre la relation des uns et des autres. C’est avec ces observations que l’on fait notre métier, qu’on va pouvoir composer des scénettes de théâtre. On cherche toujours des réponses personnelles. Les jeunes en face ressentent cela. D’autant plus qu’on prend le temps de discuter avec eux, pas seulement d’eux mais aussi de notre parcours. Et c’est là qu’on se rejoint, de là que naît la complicité.

Et ceux qui ne sont pas des artistes

Loïs : L’aventure « Soin & Culture » est particulière, une expérience à part où se mélangent des gens artistes ou non pour faire quelque chose ensemble. Chacun apporte son expérience, mais pas seulement. Il y a une grande écoute, une envie de découvrir, une ouverture qui permet de faire de manière originale. Il s’agit d’accepter d’ôter sa casquette de soignant, d’enseignant, de travailleur social, pour aller sur des sentiers que l’on maîtrise moins. C’est remarquable ; il y a cette envie forte de faire différemment.

Laurent : Dans mon atelier, j’aborde les adultes participants de la même manière que les jeunes. Ces adultes professionnels font relais, font le pont. Ils ont des choses à dire ! Dans l’atelier, certains adultes ont des difficultés en art plastique, ils ne dessinent pas très bien. Cela met à mal l’idée que l’adulte sait tout faire contrairement au jeune qui lui ne saurait rien faire !

J’ai l’exemple d’un jeune qui m’a pas mal secoué à une période où je ne voulais pas créer. À l’atelier, je me contentai de chapeauter en passant de l’un à l’autre. Ce jeune, sans doute par provocation, a souligné que c’étaient eux les artistes ! Il a fallu que je recadre, en faisant un beau dessin, et là tous les jeunes étaient contents : « Effectivement tu dessines mieux que les autres adultes, c’est toi, l’artiste ! »

Sarah : Mes co-animateurs témoignent eux-mêmes d’un réel désir d’écriture. M-F a découvert l’écriture à l’atelier et depuis, elle écrit des contes pour une petite-nièce. Je me rappelle de C-B, une co-animatrice qui avait eu des difficultés avec l’écriture ; elle n’est pas revenue l’année suivante. Elle disait : « Je ne peux pas continuer cet atelier avec les jeunes si moi-même je n’arrive pas à avoir cette rencontre avec l’écriture. Je me sentirais fausse dans la relation que je pourrais instaurer avec eux ». Chez les co-animateurs, il y a ce désir de faire « accoucher » le jeune, mais aussi le désir d’« accoucher » quelque chose de soi.

Choc des cultures professionnelles

Sarah : Ce qui est différent avec Soin & Culture, c’est la réflexion, les fondements de la construction. On élabore des projets ensemble, puis l’association trouve des fonds pour les réaliser. On est loin de l’institution comme force d’inertie, productrice d’usure. Ici on ne se dit pas d’emblée : « c’est impossible ! ». Pour preuve : la réalisation sous chapiteau « Les jeunes traces » en juin 2008, la réalisation en ce moment d’un film documentaire pour un large public de professionnels et de profanes, si possible pour la télévision (sortie fin 2009), le projet d’édition d’un livre.

L’artiste peut se renouveler avec les jeunes si, personnellement, il se ressource. La routine est mortifère.

Charlotte : Pour moi aussi, mon parcours dans Soin & Culture a été une bulle de protection. Le cadre c’est essentiel. Je pense qu’il faut le respecter tout en sachant qu’on va le dépasser, c’est inévitable. Le projet chapiteau, c’était sortir du cadre, c’était un événement qui fait partir ailleurs. C’est réfléchi et construit ensemble ! Ainsi, dans l’atelier écriture : la façon de s’exprimer est différente à chaque fois. Faire avec eux, partir d’eux et voir où cela nous mène, c’est très riche, cela fait partie de la créativité. Cela m’aide énormément de travailler au contact de ces jeunes, car l’un nourrit l’autre.

Sarah : Je me rends compte que les artistes qui ont pu durer ont une réelle volonté de comprendre le soin. J’ai envie de comprendre les dérèglements, les fêlures, d’observer les manières de faire. Cela me bouscule. Ici on peut critiquer. J’aime bien réfléchir, comprendre ; tout cela m’interpelle. C’est cette ambivalence, d’un côté mon instinct et de l’autre cette envie de réflexion, d’analyse des moteurs humains qui fait que je me sens si bien à Soin & Culture.

Propos recueillis par Claude Louzoun

Notes de bas de page

1 Soin & Culture, Association La Licorne, 2, rue Danton, 92230 Gennevilliers.Soin & Culture lie par convention, sur le territoire du 1er secteur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des Hauts de Seine, l’association La Licorne, l’Education Nationale, <personname productid= »la Protection Judiciaire » w:st= »on »>la Protection Judiciaire</personname> de la Jeunesse, l’Aide Sociale à l’Enfance, le service de pédopsychiatrie, et, récemment, le DERPAD. Il s’agit de mise à disposition de moyens, essentiellement par des détachements de personnels à temps partiel.

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