La pratique de psychiatre de secteur, celle que nous avons voulue, promue et développée sur le terrain avec nos partenaires, nous expose au risque de conflits d’intérêts contradictoires. Le reproche majeur, peut-être le plus fréquent, concerne le « sacro-saint secret médical » , lorsqu’il s’agit d’aborder les conditions de son « partage » et ses restrictions. Nous sommes ainsi confrontés d’emblée à une radicale mais salutaire ambiguïté dont nous avons à revendiquer d’être les porteurs.
« Vous vous réfugiez dans le secret médical et rien n’avance… ».
Voilà l’une des dernières remarques, un vendredi de septembre 2003, faite par une responsable de CCAS et le secrétaire général de la même mairie, alors qu’ils se trouvent en face de difficultés du ressort de la police.
Le reproche nous est fait avec d’autant plus de vigueur, que nos deux correspondants sont très souvent sollicités pour la tenue de notre « commission santé » dont nous avons ardemment souhaité la mise en place.
Notre refus de divulguer ce qui doit demeurer sous le sceau du secret est vécu ici sur le registre de la « trahison », comme d’un abandon de poste sur le front du partenariat, entachant par ailleurs notre crédibilité. L’alternative qui nous est proposée semble être un choix entre l’intérêt général (mairie, CCAS, etc…) et l’intérêt individuel du sujet supposé patient. En d’autres termes, quitte à trahir, trahissez celui qui est seul, qui pose problème, qui est violent, etc.. (…)