Les professionnels du travail social sont-ils autonomes par rapport aux politiques sociales
qui les bornent ? Depuis que le travail social s’est constitué comme champ d’intervention
spécifique au sein de l’action publique, la question n’a jamais cessé de se poser. Si d’un
côté, il est indéniable que les métamorphoses du travail social sont en connexion étroite
avec les choix faits en matière de politique sociale, d’un autre côté, il existe un découplage
relatif entre travail et action sociale. C’est justement ce découplage qui permet aux professionnels de se constituer des espaces d’autonomie, des marges de manœuvres, bref
une forme d’agir créatif, en vis-à-vis de pannes d’action auxquelles ils sont régulièrement
confrontés. L’incertitude politique dans laquelle ils évoluent est contrebalancée par une
autodétermination qui exprime leur désir de reconnaître les missions et les institutions dans
lesquelles ils travaillent comme, au moins pour partie, l’ouvrage de leur propre volonté. Ainsi
depuis la fin des années 1980, la mise en place des politiques d’insertion a donné lieu à des
pratiques professionnelles marquées du sceau d’une mobilisation éprouvante des
subjectivités : que ce soient celles des usagers sur lesquelles pèse une demande accrue d’
effectuer un véritable travail sur soi, mais aussi celles de professionnels inventifs, confrontés
à l’inadéquation des institutions d’intégration aux figures contemporaines-c’est à dire
sociales et psychiques-de la question sociale. (…)
Année de publication : 2009
Type de ressources : Articles scientifiques - Thématique : SCIENCES HUMAINES, Sociologie, TRAVAIL SOCIAL
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