L’année 2015-2016 a connu une crise, communément appelée « crise de réfugiés ». Si le nombre d’arrivées peut être un facteur pertinent et légitime, il reste qu’il faille toujours le mettre en perspective. En décembre 2015, la Belgique a connu une augmentation de + 1 575 % du nombre d’arrivées de mineurs étrangers non accompagnés (MENA), comparé au même mois de l’année 2014. Mais à quel chiffre réel cela correspond-t-il ? 5 047. Dans ce pays de 11 millions d’habitants, le nombre de demandes d’asile a doublé entre 2014 et 2015, où 35 476 personnes y ont demandé protection. Qu’en est-il en France, pays six fois plus peuplé que la Belgique ? Le nombre de demandes d’asile est passé de 64 811 en 2014 à 80 075 en 2015 ; soit un ratio d’une personne pour une ville de plus de 82 000 habitants. Comment s’explique le tapage médiatique que nous vivons et avons vécu ? Plus d’un million de personnes avaient traversé la Grèce, et près d’un demi million d’entre elles ont demandé protection à l’Allemagne. Aux portes de l’Europe, mais surtout à celles de la Syrie, la Turquie a sur son territoire deux millions trois cent mille réfugiés en attente. La Jordanie a vu un million de réfugiés arriver. Mais le plus parlant est sans aucun doute le Liban. Ce petit pays de moins de six millions d’habitants a accueilli sur son territoire plus d’un million trois cent mille réfugiés. Les collègues du centre de soins pour victimes de la violence politique et de la torture Restart, à Beyrouth, ont vu leur file active augmenter de 500 à 2 500 patients. Imaginons un instant, en tant que clinicien, devoir recevoir soudainement cinq fois plus de personnes. De quoi remettre les choses en perspectives. (…)
Année de publication : 2017
Type de ressources : Rhizome - Thématique : SCIENCES HUMAINES, Psychologie, PUBLIC MIGRANT
Cahiers de Rhizome n°63 – Cliniques et migrations (Mars 2017)