Comme de nombreuses autres villes, la Ville de Marseille est confrontée à la santé mentale dans son quotidien et dans diverses situations : services rendus à la population, interpellations des professionnels de différents secteurs, sollicitations des élus par les administrés et gestion réglementée de l’hospitalisation d’office…
C’est à la fois la récurrence des interpellations, l’idée d’une multiplication de situations restant sans solution où prédominent la tension et la gravité, mais aussi le sentiment que l’espace commun devient le lieu d’expression des détresses et souffrances isolées dans une urbanité qui se défait, qui ont conduit la Ville à interroger sa responsabilité.
L’aptitude à entendre ce qui se vit et s’exprime sur un territoire pour agir dans le sens de l’intérêt commun n’est pas fait acquis ni pour des élus, ni pour des techniciens dont l’une des missions est celle de l’aide à la décision publique. Cette aptitude nécessite un postulat : celui de croire que la Ville n’est pas une simple construction gestionnaire et technique, mais un espace vivant, espace d’incertitude, sans cesse en apprentissage de la différence et de l’altérité, de production du vivre ensemble.
Il est des expériences qui forment à cette disposition.
Celle conduite depuis 1995 par la Ville de Marseille en matière de Sida et de toxicomanies en est une.
A cette date, face à l’ampleur de l’épidémie du Sida sur son territoire, notamment la contamination massive des usagers de drogues, la Ville de Marseille a marqué son engagement dans un programme politique fort, basé sur trois principes : le respect de l’intégrité et de la dignité des personnes, la nécessaire solidarité, et la globalité de la politique à mener. (…)