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Témoignages autour de l’Accueil Familial Thérapeutique pour Adultes

Chougui OIZDANE
Sylvie MUSCEDERE

Année de publication : 2010

Type de ressources : Rhizome - Thématique : Psychiatrie, SCIENCES MEDICALES, TRAVAIL SOCIAL

Télécharger l'article en PDFRhizome n°40 – Incontournables savoirs profanes dans l’évaluation des métiers de l’aide et du soin (Novembre 2010)

L’accueil Familial Thérapeutique pour Adultes (AFTA) est une alternative à l’hospitalisation en psychiatrie. Il utilise les savoirs profanes des familles qui se forment à cet effet. Il s’organise sous la responsabilité e l’hôpital et doit permettre la poursuite u traitement. Une équipe pluridisciplinaire fait également le lien entre la famille d’accueil et la personne accueillie, entre le patient et son thérapeute. Une personne nommément désignée de la famille est agrée et rémunérée par l’hôpital.

Témoignage de Madame Chougui Oizdane, Famille d’Accueil

Famille d’accueil est un métier à plein temps. Il faut pour faire ce métier aimer les gens, être à l’écoute, être attentif au comportement et aux humeurs changeante des autres. Il faut que toute la famille soit d’accord, donc nous en avons beaucoup parlé, l’idée a fait son chemin. Lorsque j’ai eu la place pour pouvoir accueillir une personne, et bien je me suis lancée, et ma petite famille avec moi.

Il n’est pas facile d’accueillir une personne que l’on ne connaît pas, aussi bien pour elle que pour nous, car nous avons tous nos petites habitudes. Au début, on regarde, on écoute comme si on s’apprivoisait les uns les autres. Et puis on met en place des règles bien définies que chacun se doit de respecter.

Il nous faut beaucoup répéter pour que les choses s’imprègnent ; cela implique beaucoup de patience. Parler et montrer des endroits pour les gestes du quotidien comme par exemple montrer la boulangerie pendant plusieurs jours (ou mois) jusqu’à ce que la personne qui n’était pas capable d’y aller seule au début y parvienne et y aille. Ce n’est peut être rien pour certains mais, croyez moi, lorsqu’elle atteint ce petit but, elle se sent fière et comblée ; nous le voyons bien à l’expression de son visage et cela pour plein de petites choses qui font la vie.

Il faut parfois trouver des astuces pour que la personne s’intéresse à quelque chose alors qu’on sait que rien ne l’intéresse. Il se peut parfois qu’une personne évolue ou que, pour une raison qui nous échappe, elle régresse ; il faut alors essayer de comprendre et de repartir à zéro. Ce n’est pas un échec pour autant, et c’est pourquoi je disais qu’il fallait être très patient, car rien n’est jamais acquis.

Il faut savoir qu’il n’y a pas que les accueillis qui évoluent ; pour ce qui est de notre famille, mes enfants ont beaucoup appris. Il y a donc un enrichissement des deux côtés et une grande satisfaction. C’est pour cette raison que je trouve ce métier formidable et que je suis fière de faire partie des familles d’accueil thérapeutique.

Témoignage de Sylvie Muscedere

Pour moi, infirmière travaillant dans une équipe pluridisciplinaire de l’AFTA, les Familles d’Accueil deviennent auprès des patients accueillis des savants du quotidien, du partage du quotidien. Elles offrent aux accueillis une scène de vie familiale stable autour des valeurs de la famille : être ensemble et séparé, le partage et ses limites. Les professionnels ont des compétences et des savoirs qui ne sont pas les mêmes que ceux des familles. A partir de rencontres dans le service et surtout lors de Visites à domicile (VAD), je rentre moi aussi dansl eur intime et le partage.

Mon rôle infirmier est de « piloter » l’accueil au plus près, et dans les familles, d’accompagner la relation où elle se déroule, de les aider à décoder ce qui se passe dans leur jeu relationnel avec l’accueilli et comprendre leur type de relation.

Le travail avec l’équipe pluriprofessionnelle est le gage d’une prise de distance suffisante, qui régule ce qui autrement pourrait tourner en fusion ou en ambivalence non maîtrisées.

Vivre avec un sujet psychotique n’est pas facile ; je crois que la grande majorité des soignants en psychiatrie ne pourraient pas le faire, je me demande même parfois comment les familles d’accueil y arrivent.

Merci aux familles d’accueil qui ont collaboré à ce témoignage.

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