En 2015, de nombreux décès ont marqué la vie institutionnelle du Samu social, venant percuter le sens que nous donnions à nos missions au regard de notre projet de service et soulevant de nombreuses questions. Quelle peut-être notre place de professionnel lors du décès de la personne accompagnée ? Que faire de nos émotions dans ces moments-là ? Le lien que nous nous sommes efforcés d’établir légitime-t-il à lui seul notre présence aux funérailles ? D’expérience, nous avons éprouvé que le décès ne met pas un terme au lien (annonce du décès, s’assurer d’obsèques dignes…), et que nous avions professionnellement à réfléchir à notre fonction face à la mort.
Samu social, mort au samu
À Lyon, le Samu social 69 s’est construit autour d’une approche sociale cherchant à construire avec les personnes, par un accompagnement au long cours, un projet de sortie de rue. Peu de réponses immédiates, c’est par la construction d’un lien de proximité basé sur la répétition des rencontres et un maillage partenarial conséquent qu’avec les personnes nous recherchons des possibles pour permettre un mieux-être. Ayant pour vocation d’aller-vers toute personne à la rue, notre mission d’accompagnement est pensée pour les personnes qui à un moment de leur vie ne sollicitent plus le droit commun. « L’objectif de l’intervention est de former une interface avec ces dispositifs, porte d’entrée de formes de prendre soin et/ou passerelles vers une sortie de rue. Le Samu Social pense que cette mise en lien avec les dispositifs peut être vecteur d’émancipation (encourager le souci de soi, conscientiser « l’ancrage de rue », laisser percevoir qu’une autre place sociale est possible, hors de la rue, favoriser l’accès aux droits…). »(1) (…)