Je voudrais vous interroger sur cette phrase que vous m’avez dite un jour, épuisé, en revenant du CMP : « aujourd’hui je n’ai vu que de la précarité ».
Je me souviens de cette journée. Je me suis senti submergé par quelque chose qui dépassait le cadre de ma pratique habituelle.
Votre pratique habituelle ?
Ma pratique est la psychiatrie générale. Lorsque je parle de pathologie caractérisée, il s’agit essentiellement de patients qui sortent de l’hôpital, pour lesquels un diagnostic est déjà établi. Mais ce jour-là dont vous parlez, il y avait eu un changement du mode d’accueil au CMP, il avait été proposé que les médecins fassent aussi l’accueil, au lieu que ce soit les infirmières ou les psychologues uniquement.
C’était un accueil de la première demande ?
Oui, une primo consultation
Les patients dont vous vous souvenez venaient d’eux-mêmes ?
Pour certains, oui. Il a fallu travailler avec eux sur le motif de la demande. Ce n’est pas évident au départ. Ce qui transparaissait au début était une souffrance, une tristesse réelle. Ils sont venus au CMP sur conseil du médecin ou de leur entourage. Il a fallu d’abord se mettre à l’écoute pour définir le motif de la consultation, ce qui amenait ces gens à consulter. (…)