Dans ma vie et dans mon expérience professionnelle de psychologue et psychothérapeute engagée « en première ligne » en psychiatrie et en toxicomanie, j’ai eu, à 20 ans, la chance de participer au mouvement des années 68 -77 en Italie.
Je n’oublierai jamais ma première épreuve dans l’asile de Mombello (Milan) où on a été appelé par une lettre adressée au Mouvement des étudiants de l’Université Statale par les patientes d’un pavillon et leur médecin.
Nous avons travaillé comme volontaires à Mombello pendant deux ans, après avoir« forcé » la permission du Directeur de l’asile… épreuve de force d’un mouvement collectif mais aussi apprentissage de relation « hors-norme », de négociation institutionnelle, d’auto-organisation en petits groupes.
C’était ma première expérience professionnelle (le rôle du psychologue n’étant pas encore reconnu dans les services publics en Italie), suivie par un « stage » volontaire dans l’H.P de Gorizia, transformé par Franco Basaglia en communauté thérapeutique, la seule étape qui lui fut permise avant de pouvoir ouvrir totalement et dépasser l’institution totale de l’asile à Trieste (1978).
La deuxième grande épreuve, liée à l’espoir et au désespoir des « années de plomb » en Italie (1978-88), a été pour moi l’effort de tenir ma « posture » personnelle et professionnelle pour traverser la crise du mouvement : crise subjective et collective, répression politique… et le désastre de se confronter aux ravages de l’héroïne … (…)